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Enjeux des technologies
de la communication en AfriqueDu téléphone à Internet RESUMES
PREMIERE PARTIE Le marché contre l'Etat ?
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Quelle insertion de l'Afrique dans les réseaux mondiaux ?
Une approche géographiqueAnnie CHENEAU-LOQUAY
Résumé : Le contexte global d'un développement lacunaire où coexistent des zones urbaines, connectées à des réseaux matériels modernes et des zones rurales isolées et dépendantes des énergies locales renouvelables, reflète en Afrique la prolifération du secteur informel dans des territoires mal contrôlés par les Etats. Cette situation est elle un atout ou un handicap pour l’insertion des NTIC ? Une approche cartographique des services de base en télécommunications donne une vision à la fois globale et comparative des équipements en la matière ; elle fait apparaître la diversité des situations selon les pays et au delà, les caractères communs à des ensembles plus vastes. Les nouveaux réseaux, cellulaire et Internet, réalimentent le mythe de la technologie moteur du développement social, et sont au cœur des processus de privatisation. La "dématérialisation" de ces systèmes, leur mobilité peut être un avantage particulier en Afrique : les téléphones cellulaires se sont développés d’abord dans des pays mal structurés comme le Zaïre. Dans presque quinze pays les activités de service Internet se développent à un rythme inédit. Mais ces technologies ne risquent-elles-elles pas d’accentuer la tendance à la "dualisation des territoires" et à l'affaiblissement des Etats ? la question de leurs formes de régulation en relation avec l’équité socio-spatiale est fondamentale.
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Nouvelle donne, nouveaux réseaux
Les infrastructures d'information et de communication
en Afrique et les perspectives à horizon 2002/2003Jean MARCHAL
Résumé : La situation des télécommunications en Afrique n’est pas bonne au regard de tous les indicateurs classiques qui caractérisent l’activité des télécommunications. La vitesse de progression de l’amélioration des indicateurs est plus faible que partout ailleurs. Seule une faible part des populations africaines bénéficie du téléphone et des services dérivés. Les villes concentrent les ressources en télécommunications alors que la demande est partout croissante. Le déploiement du réseau se heurte à des coûts élevés, bien que l'apparition de nouvelles technologies laisse augurer de nouveaux développements favorables aux zones rurales. Cependant, l’Afrique est beaucoup moins armée que les autres continents pour affronter le choc de l’ouverture totale du secteur à la concurrence mondiale qui se constate aujourd’hui. L’apparition, en novembre 1998 des réseaux mondiaux de télécommunication de type Iridium ou Globalstar va achever la déstabilisation des opérateurs historiques de télécommunications, lorsqu’ils ne sont pas partenaires d’un opérateur majeur.
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Historique de l'Internet du Nord au Sud Pascal RENAUD
Résumé : Internet est le produit d'une longue histoire de recherche-développement sur les réseaux d'ordinateurs. L'idée d'associer informatique et télécommunications est née avec l'ordinateur dans les années soixante. Plusieurs normes d'échange de données se développent en même temps et celle qui permet de résister à des ruptures des réseaux de télécommunications, et donc à une attaque nucléaire, inventée en 1964 en Californie par Paul Baran, prend le dessus, avec le soutien des centres de recherche militaires américains. L'adoption du protocole TCP/IP par laFondation Nationale de la Recherche pour constituer un réseau national à haut débit donne un coup de fouet à la recherche et l'Internet s'étend. Le world wide web, synthèse des protocoles existants, qui permet l'accès à des bases de données hétérogènes, est inventé au Centre de recherche nucléaire, le CERN, à Genève. En Amérique du Sud, les grandes universités ont été reliées d'abord mais ce sont des ONG, en particulier l'Alliance for progressive communication (APC) qui ont développé le courrier électronique. En Afrique francophone, le réseau RIO de l'ORSTOM puis celui de l'AUPELF ont été précurseurs. L'Internet est sorti des universités en particulier avec l'initiative américaine Leland qui installe des liaisons à haut débit vers les Etats Unis. Internet est désormais disponible au Sud et peut rendre de plus grands services qu'au Nord.
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Décrypter les chiffres de l'Internet Michel ELIE
Résumé : Il est difficile de se retrouver dans la jungle des chiffres concernant l'Internet : un ensemble homogène et public de chiffres caractéristiques, régulièrement maintenu au niveau national et international, comme en disposent des secteurs d'activité tels que les télécommunications ou la presse et les médias, manque cruellement.
Les chiffres cités sont trop souvent ponctuels, hors contexte, imprécis dans leur définition et dépourvus d'indication sur leur marge d'erreur. Les différences dans les méthodes utilisées pour les obtenir rendent aléatoire une consolidation au niveau de régions ou de continents. Or ce sont ces chiffres de seconde main auquel le citoyen, l'utilisateur individuel ou la petite PME auront d'abord accès.
Ce document a pour but de contribuer à :
- exposer la situation actuelle, peu satisfaisante, et de mettre en garde contre une utilisation hâtive et abusive des chiffres ;
- aider le lecteur à avoir un esprit critique par rapport aux chiffres qu'on lui présente ;
- inciter les médias à mieux expliquer les chiffres qu'ils citent ;
- montrer la variété des données associées aux différents aspects de l'Internet ;
- proposer un classement des différents indicateurs liés à l’Internet ;
- contribuer à des définitions, des critères et des méthodes publiques et partagées en vue de disposer d'indicateurs statistiques de base de l'Internet publics, pertinents et comparables dans le temps.
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Internet et développement global Michel ELIE
Résumé : Il existe une relation entre le déploiement de l'Internet dans les différents pays du monde et le niveau de développement de ces pays : l'étude des statistiques concernant la taille du réseau dans chaque pays sur les deux dernières années permet de mettre en évidence certains facteurs qui favorisent ou freinent la progression de l'Internet à ce niveau. Une corrélation apparaît entre le nombre de sites Internet dans un pays et son niveau de développement, analogue à celle que montre la classique courbe de Gipp entre le nombre de lignes téléphoniques principales et le niveau de développement.
En ce qui concerne l'Internet, d'autres facteurs semblent également influents : la pratique de l'anglais, le mode de gouvernement, le dynamisme commercial… L'écart entre ceux qui ont ou n'ont pas la maîtrise de l'outil Internet se creuse d'autant que celle-ci constitue elle-même un facteur accélérateur du développement.
La seconde partie esquisse une approche de l'étude de l'Internet par ses effets et implique la collecte des usages et pratiques de l'Internet qui se développent différemment selon les pays et les composantes sociales, économique et culturelles qui leur sont propres.
En conclusion, l'intérêt qu'il y aurait à disposer d'un réseau d'observatoires des usages et pratiques de l'Internet est souligné. Cet outil d'observation réparti aurait pour objectif le suivi des usages et pratiques établis et émergents de l'Internet ainsi que la mutualisation de ceux d'entre eux dont la diffusion pourrait profiter au développement humain.
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Les politiques du développement
dans le secteur des télécommunicationsDominique DESBOIS
Résumé : Le succès d’Internet dans les pays développés comme prototype d’infrastructures globales de communication pose le problème des modalités de son extension aux pays en développement. Les tentatives d’intégration des réseaux du Sud au modèle de développement informationnel proposé sous le label "autoroutes de l’information" se heurtent au retard structurel du secteur des télécommunications dans les PVD. Le présent article analyse les origines et les causes actuelles du sous-développement sectoriel des télécommunications, espérant éclairer ainsi les enjeux de la restructuration en cours du secteur des télécommunications dans les pays du Sud, avec un éclairage particulier sur la situation en Afrique.
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For richer or poorer ?
The impact of telecoms accounting rate reform on developing countriesJames DEANE
Résumé : Introduction de l'article
Le système international du taux de répartition (accounting rate system) détermine combien une compagnie de téléphone paie à une compagnie étrangère pour interconnecter un appel. Quand vous appelez de Londres au Sri Lanka, le système est utilisé pour déterminer comment l'opérateur de Londres et celui du Sri Lanka s'arrangent pour diviser les revenus de la mise en connexion de l'appel.
Dans un monde idéal, chaque pays devrait envoyer autant d'appels qu'il n'en reçoit ; toutefois, nous vivons dans un monde inégal : parce que la plupart de leurs citoyens sont pauvres et ont des systèmes téléphoniques moins développés, presque tous les pays en voie de développement reçoivent plus d'appels qu'ils n'en envoient. Ainsi, peut-être uniquement sous cet aspect, la pauvreté paie - la plupart des pays en développement génèrent un substantiel "surplus" provenant du trafic international et par conséquent perçoivent davantage d'argent qu'ils n'en déboursent.
En mars 1998, l'Union internationale des télécommunications a abrité le forum sur la politique mondiale des télécommunications. Le thème en était le commerce et les services de télécommunication. En tête de l'agenda se trouvait la réforme de la taxe internationale de répartition.
Les conflits à venir à propos de la réforme de ce système risquent d'affecter profondément les performances économiques des pays en voie de développement. La rencontre de Genève pourrait bien s'avérer comme le dernier espoir d'arracher un accord.
Recevoir des appels internationaux est pour certains pays en voie de développement, leur plus importante industrie "d'exportation" : en 1996, ces pays recueillaient quelques 10 milliards en devises extérieures.
Les pays en développement ont souvent fait payer cher l'acheminement des appels effectués depuis les autres pays de façon à pouvoir utiliser ces profits pour améliorer leurs propres télécommunications. De nombreux économistes pensent que les télécommunications sont un point critique pour le bien être futur de ces pays.
La réforme de la taxe de répartition internationale, un arrangement complexe qui a traditionnellement partagé le revenu provenant du trafic international, va couper net ces paiements. La libéralisation des télécommunications rend la réforme inévitable, mais de violents débats se déroulent spécialement sur la manière dont le système pourrait être modifié.
Les critiques avancent qu'une réduction trop rapide des revenus de la taxe de répartition amènerait à augmenter les prix intérieurs pour les usagers des pays en développement et pourrait ralentir le déploiement de réseaux de télécommunications vitaux. Alors que les profits des géants des télécommunications du Nord sont orientés à la hausse, ils indiquent que les perspectives économiques des opérateurs (souvent publics) du Sud subiraient des dommages sévères. Les plus pauvres de ces pays et ceux qui vivent dans les zones rurales en souffriraient davantage.La commission fédérale des communications des Etats-Unis (FCC) affirme que les opérateurs américains perdent presque 6 milliards par an en raison de ce qu'ils appellent le "sur paiement " aux autres pays. Elle a introduit son propre système de répartition - connu sous le nom de "benchmarks" "taux graduel"- qui limite ce que les opérateurs US doivent payer aux opérateurs des autres pays. Les Etats-Unis affirment qu'ils cherchent simplement à établir un terrain de jeu commun dans le domaine des télécommunications internationales ; ils veulent parvenir à un accord international préalable pour obtenir un taux de répartition qui serait, - établi en fonction des coûts, - non discriminatoire et transparent.
Les opposants soupçonnent les Etats-Unis d'essayer d'utiliser cette question pour imposer leur propre autorité dans le champ hautement lucratif du marché global des télécommunications et de donner ainsi, à ses propres géants du secteur, le maximum d'avantages compétitifs.
Prise entre les deux, l'Union internationale des télécommunications essaie de parvenir à un agrément qui satisfasse tout le monde.
Pendant ce temps, l'Union Européenne a abandonné le système du taux de répartition, pour le trafic téléphonique à l'intérieur de ses propres frontières, ce qui conduira probablement à des réductions majeures des paiements dus aux pays extérieurs à l'Union.D'autres options pour la réforme ont été proposées par l'OCDE et par d'autres organisations.
Ce bulletin spécial de Panos examine certains des arguments qui concernent cette question complexe.
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Vers la désertification technologique du Sud ?Pascal RENAUD
Résumé : Face à l'énorme progression d'Internet, le risque de marginalisation des pays les moins avancés est réel. Or les pays les plus riches, plutôt que de coopérer pour installer des infrastructures, se bornent à encourager les pays en développement à s'ouvrir au marché mondial des télécommunications et à promouvoir l'initiative privée. Cette idée s'appuie sur un mythe tenace qui voudrait qu'Internet ait été le fruit de la dérégulation alors qu'au contraire, aux Etats Unis et en Europe, le démarrage d'Internet s'est appuyé sur une intervention massive de l'Etat. Il faut craindre que les infrastructures globales de l'information ne se déploient désormais selon les seuls intérêts des grands groupes industriels du Nord sans mobiliser d'investissements au Sud. Comment la "société de l'information" pourrait-elle induire un développement durable sans transmission des connaissances nécessaires à la maîtrise technologique ?
DEUXIEME PARTIE Du téléphone à Internet
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De l’outil à l’usage : les batailles pour le contrôle des autoroutes de l'information Samir AMIN
Résumé : L'interconnexion des réseaux informatiques implique la mise en œuvre de moyens organisationnels, matériels et donc financiers lourds. Les questions relatives au coût de la construction de ces moyens, à l'organisation de l'accès, à leur usage et donc à leur contrôle, sont de plus en plus importantes. La bataille autour du contrôle des moyens techniques des autoroutes de l'information fait rage et pose la question du rôle des États et des services publics face au pouvoir des multinationales. Bien que les NTIC risquent d’approfondir la polarisation entre les centres et les périphéries, l'organisation et le contenu des autoroutes de l'information dépendront d’abord des formes d'appropriation des techniques par le public et revient aux usagers de créer les conditions pour qu'elles soient socialement utiles.
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La "parole du téléphone".
Significations sociales et individuelles
du téléphone chez les Sanan du Burkina FasoAndré NYAMBA
Résumé : Ce que les villageois eux-mêmes ont appelé "la parole du téléphone" est étroitement lié au contexte mondial de l'expansion des nouvelles technologies de communication, aux enjeux qu'elles entraînent et aux décisions qui les orienteront ou pas (ou mal) vers le monde rural, particulièrement subsaharien. On peut remarquer l'absence d'une véritable volonté politique de développer la téléphonie rurale, ne serait-ce qu'à cause de la situation de "brouillard" dans laquelle nagent les opérateurs officiels des pays concernés, pris qu'ils sont entre des impératifs politico-économiques de privatisation de leur secteur et la nécessité de développer un véritable service public.
Du point de vue local, lorsque l'on pense qu'il suffit "d'apporter le téléphone au village" pour que bon nombre de problèmes soient résolus, on ne prend pas en compte ce que le téléphone entraînera comme nouvelles formes d'organisation sociale. La "parole du téléphone" dans ces villages sera le reflet des contradictions dans lesquelles sont prises les populations engagées, bon gré, mal gré, dans la violence du changement social ! L'impératif d'adaptation des populations rurales au sud du Sahara s'exprime en termes d'ouverture sur l'extérieur.
Toute politique d'introduction du téléphone dans leur milieu, ou même toute innovation technologique de façon générale, devra tenir compte de chaque spécificité du milieu rural.
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Télécentres au Sénégal Gaston ZONGO
Résumé : Allier les contraintes de mission de service public et de rentabilité constitue pour les opérateurs du secteur africain des télécommunications, une véritable quadrature du cercle. L'approche de la société nationale des télécommunications au Sénégal, la SONATEL comprend deux volets principaux :
- en milieu rural, installer gracieusement une cabine téléphonique (point phone) au profit d'une communauté rurale dont la gérance est confiée généralement au chef de la communauté. Une moyenne de deux milliards de francs CFA (4 Millions USD), sont investis annuellement dans les zones rurales, soit environ 15 % des investissements annuels.
- en milieu urbain accorder une autorisation à des personnes physiques ou morales d'ouvrir et d'exploiter des centres de télécommunication. Un contrat d'exploitation de "Télécentre privé", assorti d'un numéro d'agrément lie ces personnes à la SONATEL. L'exploitant est autorisé à majorer les taxes de communication dans une limite maximale de 75 % par rapport au tarif de la taxe de base de la SONATEL en vigueur. Chaque télécentre possède généralement deux lignes équipées d'un compteur (télétaxe), permettant au client de vérifier le nombre d'unités d'appel. Initié par l'implantation de 4 télécentres pilotes en 1992, le projet a rapidement pris une ampleur surprenante. Cette formule a développé en chaque sénégalais une nouvelle culture : celle du téléphone. Du point de vue économique, les télécentres contribuent au développement du petit commerce, occasionnent des petits travaux aux artisans, et créent, directement ou indirectement de l'emploi.
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Une ONG dans le monde des télécommunications
Un espace immense pour une marge
de manœuvre étroiteBruno JAFFRE
Résumé : L'association CSDPTT (coopération solidarité développement aux PTT) est une ONG rassemblant des membres du personnel de la Poste et de France Télécom. Elle se consacre à de petits projets de développement dans leurs domaines professionnels et développe des relations amicales d'échange et d'entraide avec les "collègues" pour l'instant au Mali, au Burkina et en Guinée. Dix ans après sa naissance, même si les choses évoluent vite, elle reste marquée par les circonstances de sa création et les individus qui en sont à l'origine. Comme nombres d'autres ONG, son premier obstacle se situe au niveau de ses rapports avec les populations, des rapports à construire petit à petit, avec la conscience que là réside un des éléments déterminants dans la réussite des projets : cette ONG, née plutôt sur une idée théorique, doit confronter son projet à la réalité qu'elle apprend à appréhender dans la durée et la multiplication des expériences. Fortement imprégné de la culture du service public, il lui est tout autant indispensable de construire des relations de confiance avec les opérateurs locaux (incontournable dans des projets tournant autour au téléphone). Ceux-ci ne sont guère enclins à travailler avec ce nouveau type de partenaire, certes qui parait bien sympathique et qui n'hésite pas critiquer les relations de domination du passé, mais qui les dérange même si l'activité de l'association prolonge la mission de service public dont ils se réclament encore. Et puis la privatisation est proche et les relations sont à peine établies avec une ONG qu'il va falloir mener des projets en direction des populations mais avec des opérateurs privatisés en quête de rentabilité rapide.
Née au sein d'une entreprise, CSDPTT utilise les compétences de ses salariés mais aussi la possibilité de récupérer du matériel. Son positionnement original permet d'éclairer d'un jour nouveau les problématiques du bénévolat et du professionnalisme. Elle a réussi jusqu'ici à conserver son indépendance ce qui s'explique largement encore par l'origine militante de ses initiateurs. Pour autant les contradictions ne manquent pas qui se font jour au fur et à mesure que l'association grandit.
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Disponibilités et usages des technologies
de la communication dans les espaces
de l’échange au SénégalAnnie CHENEAU-LOQUAY
avec la collaboration de Pape Ndiaye DIOUF
et la participation de Thibault Le RenardRésumé : Le cas du Sénégal est représentatif d’un développement relativement rapide des accès et des usages des NTIC. Ce pays avait pris une avance dans le secteur des télécommunications donnant à la pénétration de l’Internet des atouts certains. Dans les univers de l'échange, dans l'épaisseur du tissu socio-territorial, les formes de communications varient considérablement selon les échelles spatiales et sociales imbriquant outils anciens et nouveaux selon des modes avant tout pragmatiques : de l'absence totale de téléphone que remplace la simple parole donnée sur le grand marché frontalier du Sud, à l'entreprise de télétravail de Dakar, les univers de la communication sont on ne peut plus diversifiés aujourd'hui. Le téléphone est la technologie la plus immédiatement utilisable et utile à quiconque où que ce soit, le succès des télécentres et des points phone le démontre. Le seul problème est en ce domaine celui de l'accessibilité (infrastructures et coûts) et ce pays est à cet égard exemplaire. Par contre l'utilisation d'Internet pose des problèmes autrement plus complexes. Pour qu'il soit utile au plus grand nombre et pas seulement à quelques privilégiés instruits en Afrique, ne faudrait-il pas envisager la formation de médiateurs qui feraient l'interface entre l'outil et l'usager ?
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L'internet au Bénin de 1995 à 1999 Ken LOHENTO
Résumé : Cet article fait l'état des lieux de l'internet béninois de fin 1995, année de connexion du Bénin, à août 1999, soit près de quatre ans d'utilisation, quatre mois avant l'an 2000, suivi de commentaires. Différents points seront examinés, notamment l’historique, les organismes prestataires de services (les fournisseurs d’accès et particulièrement les cybercentres), les coûts, les internautes, les contenus, les activités de promotion et leurs impacts et enfin les obstacles au développement de l’outil. Tous ces points nous permettrons d’entrevoir l'avenir des technologies de l'information et de la communication (TIC) au Bénin.
TROISIEME PARTIE Des outils pour la démocratie ?
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Pour une approche socio-culturelle
des autoroutes de l'informationAlain d'IRIBARNE
Résumé : La dynamique des systèmes techniques s'inscrit dans des combinaisons de déséquilibre interne et de cohérence entre les diverses techniques, impliquant des compatibilités avec les autres systèmes et tout particulièrement avec les systèmes sociaux à la dynamique desquels ils participent et ce serait une faute conceptuelle que de privilégier la technique dans cette dynamique. Le cycle actuel d'innovation développement de l'ordre de dix quinze ans autorise de mettre en place des politiques structurelles capables de faire face à des problèmes nouveaux. Dans cette perspective, pour permettre aux technologies de l'information d'atteindre pleinement les promesses qu'offre leur potentialité nous proposons de nous placer d'emblée dans un cadre conceptuel d'actions qui dépassent la seule approche technologique conçue de façon autonome ou seulement articulée sur des perspectives économiques. A cette approche des "autoroutes de l'information" privilégiée par les Américains, il est proposé de préférer une approche d'interdépendance complexe entre le technique, l'économique, le social et le culturel, plus conforme aux enseignements de l'histoire longue de la connaissance et à la tradition humaniste européenne. Une telle approche qui, au consommateur objet, substitue l'utilisateur sujet, fait entrer la production d'innovation technique dans une aire de co-production d'innovation technique et sociale. Elle donne par ce biais à la citoyenneté une signification nouvelle.
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L'utilisation des TIC dans les élections générales de 1997 au Mali :
promesses et dangers pour la démocratiePascal Baba COULOUBALY
Résumé : Faire appel aux technologies de l'information pour garantir la transparence des élections générales : tel a été le pari que s'est lancé le gouvernement malien en 1997. Les incertitudes techniques face à l'énorme responsabilité et complexité politique qu'implique le processus électoral a conduit à un fiasco technique lors du premier tour des élections, ce qui ne fût pas sans danger pour la démocratie malienne.
Bien que le gouvernement ait réussi à surmonter ces épreuves, notamment en engageant de nouvelles compétences techniques au niveau local, force est de constater que les TIC ne peuvent tenir leurs promesses que dans un contexte économique, politique et administratif favorable. Il s'agit alors de tirer les leçons d'une telle expérience en étant conscient que les TIC sont certes des outils efficaces pour la démocratie mais qu'elles ne peuvent en aucun cas lever les contraintes structurelles de l'Afrique.
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Libération de la parole politique ?
Pluralisme radiophonique et transitions politiques
en Afrique NoireKatherine VERRIER
Résumé : Tout d’abord, nous présentons un bref état des lieux quant à l’étendue du pluralisme radiophonique, qui soulignera certaines des stratégies des pouvoirs africains pour retarder, voire éviter, la perte du monopole de la parole .Le pluralisme radiophonique ne semble pas s’être accompagné d’une libération de la parole politique, mais nous tenterons de démontrer qu’il n’en est pas moins un enjeu politique de taille, qui doit s’analyser dans son contexte, et qui participe à une restructuration des champs socio-politiques. Nous insisterons sur les limites inhérentes à certains écrits de science politique quant au rôle du pluralisme radiophonique dans les nouvelles démocraties, notamment sur les approches des processus de transitions politiques identifiant comme site principal de changement la société dite civile. Pour terminer, nous nous attarderons sur les contextes politiques africains et sur certaines dynamiques politiques propres Puisque nous parlons ici d'un processus en déroulement, nous devons pourtant préciser que nos conclusions ne se prétendent qu'incomplètes, partielles et provisoires.
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L'influence des radios et des télévisions étrangères sur la vie politique
en Afrique sub-saharienneAndré Jean TUDESQ
Résumé : Le développement des satellites a amplifié le rôle des télévisions étrangères reçues soit directement, soit par le canal des télévisions nationales. Nous analyserons l'influence des radios et télévisions étrangères sur la vie politique sous trois aspects : l'influence sur la politique de communication des États qui s'exerce sur les structures mais aussi sur les programmations et concerne en contrepartie l'attitude des gouvernements africains vis-à-vis des émissions importées.
L'influence sur la vie politique est liée au contenu des émissions et aussi -mais ce dernier aspect concerne plus la radio que la télévision- à la reconnaissance implicite de leur rôle dans la vie politique intérieure puisqu'aussi bien les forces gouvernementales que les opposants les voient comme un enjeu.
Enfin cette influence est liée à l'audience de ces radios et télévisions, condition première de leur action sur l'opinion publique : ce qui pose d'abord le problème de la connaissance de cette audience, son existence, son intensité, et aussi les aspects contradictoires de sa réception, ainsi que la compréhension, à des degrés divers, des grandes langues internationales.
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Des radios à l'Internet :
le rôle des technologies de l'information
en tant qu’outils de transparence et de décentralisation du savoirPascal Baba COULOUBALY
Résumé : Le développement d'un pays est fondé sur la démocratisation de l'accès à l'information et aux connaissances. En Afrique ce n'est pas l'Internet qui est l'instrument de la citoyenneté mais la radio qui a connu un développement spectaculaire depuis le début des années 90. La liberté des ondes au Mali permet l'émergence de débats publics, garantit une meilleure transparence du pouvoir et une démystification de l'État tout puissant. Elle permet surtout de lier les savoirs locaux aux savoirs mondiaux en réhabilitant les langues et les modes d'expressions spécifiques à l'Afrique. Quid d'Internet ? Alors que la radio remplit pleinement son rôle citoyen, que les ressources et les infrastructures nécessaires à la croissance des TIC font défaut et que les indicateurs sociaux restent au plus bas, l'Internet semble peu adapté au contexte malien. Pourtant, ne serait-ce que pour des questions éthiques et culturelles, l'Afrique doit s'exprimer sur la grande toile. Afin de ne pas laisser l'Internet devenir un porte-voix des intérêts du nord, les radios rurales peuvent peut-être devenir un relais privilégié entre la culture orale et la culture du Web et permettre un renouveau du dialogue sud-nord.
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Insertion d'Internet dans les milieux
de la recherche scientifique
en Afrique de l'OuestMouhamed Tidiane SECK
Résumé : Pour des raisons essentiellement financières, les universitaires et chercheurs africains ne sont pas ou peu irrigués par les canaux d'information existants. Le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche, ainsi que les structures spécialisées dans la gestion de l'information, sont confrontés à la difficulté d'accès à l'information pour la transmission des connaissances existantes et l'élaboration de nouveaux savoirs d'une part et aux entraves à la diffusion, à la promotion et à la valorisation des résultats des travaux scientifiques d'autre part. Une série de problèmes qui ont pour conséquence de les marginaliser sur le plan scientifique et de saper les efforts qu'elles consentent pour accomplir leurs missions. Dans ce contexte quel peut être l'apport d'Internet ? Entre une vision optimiste et une autre plus méfiante, le débat ne peut être tranché que par une participation offensive et positive au dialogue mondial, en tirant parti des possibilités offertes par ces technologies pour à la fois créer les courants d'échanges indispensables entre nos pays, pour valoriser nos complémentarités et marquer notre présence dans le monde par la production de contenus de qualité aptes à faire apprécier nos ressources et nos potentialités par l'extérieur.
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Identité culturelle et éthique de l'universel Philippe QUEAU
Résumé : L'idée est simple: il nous faut une éthique globale pour réguler une économie mondialisée et donner une assise plus ferme au "politique", tenté par la démission pure et simple (cf. le slogan du "moins d'état", alors que c'est de "mieux d'état" dont nous avons besoin). Cette éthique universelle doit servir de base possible à une "civilisation mondiale" ou "universelle".
Responsable du projet :
Annie Chéneau-Loquay
Directrice de recherche CNRS
CEAN (UMR CNRS-IEP)
Maison des Suds
12 Esplanade des Antilles
F- 33607 PESSAC CEDEX
a.cheneau-loquay@sciencespobordeaux.frResponsable du site web :
Raphaël Ntambue
CEAN (UMR CNRS-IEP)
Maison des Suds
12 Esplanade des Antilles
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