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Deux villes secondaires connectées en R.D.C
4 avril 2003
Deux villes secondaires congolaises (en République démocratique du Congo) de plus d'un million d'habitants chacune et situées chacune à moins de 100 kms de la ligne des fronts rebelles, ont été connectées à l'Internet durant l'année 2002. Il s'agit de la ville de Kananga (chef-lieu de la province du Kasaï Occidental) et celle de Mbuji-Mayi (chef-lieu de la province du Kasai Oriental). La ville de Kananga a bénéficié de la coopération américaine qui, par le canal de l'agence locale de l'USAID, a pris en charge pour une période de six mois l'abonnement Internet en faveur des ONG locales.
L'accès Internet illimité avec 5 adresses ne coûte pas mois de 3.000 $ US par mois et l'abonnement mensuel pour des liens commutés avec une adresse varie de 120 à 700 $ US selon le nombre d'heures consommées. Le parc informatique ne dépasse pas 100 ordinateurs connectés, selon l'inventaire effectué le 30 décembre 2002. Comme la ville n'est pas électrifiée, les ordinateurs fonctionnent grâce aux groupes électrogènes privés, mais les fournisseurs d'accès (Interconnect, par exemple) utilisent eux le courant de la mini centrale hydroélectrique de Tshikaji destinée exclusivement à la fourniture de l'électricité à l'hopital périphérique protestant de Tshikaji et aux services connexes de ce dernier.
La radio Okapi qui émet aussi à partir de la ville de Kananga est désormais diffusée sur Internet.
La ville diamantifère de Mbuji-Mayi, qui a le coût de vie le plus cher de la R.D. Congo, dispose de trois fournisseurs de téléphonie mobile (VODACOM, CELTEL et STARCEL), de deux fournisseurs d'accès Internet (ROFFE HI-TECH, branche de ROFFE CONGO, et MICROCOM) et d'une dizaine de cybercafés. Son parc informatique est relativement plus important que celui de Kananga, soit environ 230 ordinateurs connectés au 31 décembre 2002. Suivant en cela le coût élevé de la vie, l'abonnement Internet mensuel est au delà de 250 $ US.
Les contraintes majeures pour l'utilisation populaire de l'Internet dans ces deux villes voisines, séparées entre elles de moins de 200 kms, restent classiques pour l'Afrique subsaharienne : la privation du courant pour la grande majorité de la population, la faiblesse du parc informatique, le coût de l'abonnement et de la navigation, la vétusté des infrastructures de communication, l'analphabétisme, les habitudes culturelles, l'absence d'une stratégie locale d'appropriation populaire, etc. L'atout majeur reste cependant la curiosité populaire et surtout la nécessité d'une adresse électronique pour l'utilisation optimale de la banque Western Union qu'on a ouvert à Kananga seulement en décembre 2002. Dans les deux villes, les radio locales (par exemple à Kananga : RTKM, OKAPI et Radio locale de l'archidiocèse de Kananga) participent à la sensibilisation des populations aux enjeux de l'Internet. Mais l'Internet reste encore une curiosité et un luxe pour la très grande majorité de la population.
Raphaël Ntambue
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Responsable du projet :
Annie Chéneau-Loquay
Directrice de recherche CNRS
CEAN (UMR CNRS-IEP)
Maison des Suds
12 Esplanade des Antilles
F- 33607 PESSAC CEDEX
a.cheneau-loquay@sciencespobordeaux.frResponsable du site web :
Raphaël Ntambue
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