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Table ronde Africanti au Sommet mondial de la Société de l'Information (SMSI), décembre 2003
5 janvier 2004
La table ronde Africanti organisée le 10 décembre 2003 à l'occasion du Sommet Mondial de la Société de l'Information avait pour thème : "Etat, marché, société civile, quelle répartition des rôles dans la société de l'information ?"
Le constat que l'on peut faire à l'issue de ce sommet, c'est celui du recul de l'Etat Nation au profit de la sphère marchande. En effet, dans la déclaration de principe, le rôle l'Etat apparaît comme dilué au point qu'on peut se demander si celui-ci n'a pas évolué. Ce recul du public n'est pas uniquement l'apanage des pays du Sud puisque la question se pose dans les mêmes termes pour les pays du Nord. Il faut dire que la société de l'information, comme tout changement radical, entraîne un déplacement du pouvoir accéléré par la dématérialisation de l'espace. On se retrouve donc dans une configuration quelque peu différente de la sphère pyramidale habituelle, une situation de co-régulation associant les partenaires internationales et la société civile. Cette nouvelle donne impose à nos Etats et à leurs partenaires de réfléchir sur une cyberstratégie qui favoriserait l'émergence d'un «cyberdroit» avec de nouveaux principes, de nouvelles normes, de nouvelles institutions. Pourtant, il faut se méfier des partenariats illusoires qui permettraient uniquement à certains de légitimer leur vision.
La notion même de partenariat est à questionner dans la mesure où elle implique une réciprocité et donc des rapports de force équivalents, ce qui n'est pas le cas dans le contexte de «la société de l'information».
Pour revenir sur la question du droit, il faut dire qu'elle reste entière dans une société africaine caractérisée par un grand décalage entre le droit officiel et le droit traditionnel. Comment, dans ces conditions, faire appliquer correctement la loi ? Une solution souvent évoquée et très peu pratiquée est de recourir à la participation de tous pour penser le droit et l'ensemble des questions liées au développement de l'Afrique.
A propos du développement, l'on gagnerait à éviter de baigner dans les discours officiels qui souvent sont trop euphoriques. Les apports des nouvelles technologies sur le développement aussi bien en Afrique qu'ailleurs, sont à relativiser. Dans la problématique de « la société de l'information » elle-même liée à celle du développement, il est important de prendre en considération le fait que l'Afrique vit de l'informel souvent difficile à intégrer dans les visions actuelles des processus de développement. L'idée est donc de repenser le développement en y incluant des formes alternatives dans la mesure où essayer de formaliser l'Afrique nuirait considérablement à ce continent.
A côté de l'informel, une caractéristique majeure de l'Afrique est l'importance de la population rurale qui risque fort d'être laissée sur les bords de la société de l'information. Il est donc important d'appliquer la politique de péréquation en vigueur dans certains pays occidentaux et africains, c'est-à-dire faire en sorte que les ruraux accèdent aux mêmes tarifs aux services des télécommunications.
L'Etat a la mission d'assurer le service public, n'en déplaise aux sociétés marchandes. Mais nous avons en Afrique des Etats souvent faibles, n'étant pas toujours au courant des enjeux ou feignant de les ignorer. En tous cas, le rôle de l'Etat comme acteur du développement est primordial. Et une des solutions pour renforcer la position de ces Etats au niveau du global serait la mise en place de l'Union Africaine. L'Etat doit être replacé dans ce contexte d'ultra libéralisme, où l'entreprise, ainsi que les organisations non gouvernementales ont leur rôle à jouer. Ce débat très riche mérite de faire l'objet d'un numéro de la revue Net Sud. Les participants présents à la table ronde ont tous accepté d'y participer.
Alain Kiyindou
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